Que faisaient les hommes préhistoriques dans le centre d’Israël ?

D’après une nouvelle étude réalisée sur le chantier de fouilles de la grotte de Qesem près de Rosh Haayin, sous la direction du Dr. Flavia Venditti, et des Prof. Ran Barkai et Avi Gopher du Département d’archéologie et des cultures de l’Ancien Proche-Orient de l’Université de Tel-Aviv, nos ancêtres recyclaient leurs outils usagés pour en faire des instruments de précision. Selon eux, les milliers de minuscules outils en silex retrouvés dans la grotte sont un excellent exemple de la complexité de la boîte à outils de l’homme préhistorique et du principe de recyclage qui faisait partie intégrante de sa vie.

Vous avez dit préhistorique ? L’étude, réalisée en collaboration l’Université de Rome et l’Institut pour l’étude des nanostructures à Rome (CRN-ISMN), a été récemment  publiée dans le Journal of Human Evolution.

Les chercheurs ont étudiés de minuscules éclats de silex datant de centaines de milliers d’années, jusqu’alors considérés comme des débris et laissés de côté, ainsi que des restes organiques retrouvés sur ces objets, et ont déterminé qu’il s’agissait en fait de minuscules accessoires, fabriqués à partir d’outils de pierre plus grands et désaffectés, et utilisés principalement pour réaliser des coupes de précision quasi « chirurgicales » sur les produits de leur chasse et de leur cueillette.

Un processus de recyclage efficace, organisé et conscient

« La grotte de Qesem près de Rosh HaAyin a été découverte par hasard en 2000 lors de l’extension de l’autoroute 5, et est devenue l’un des sites préhistoriques les plus importants du monde, qui revêt une grande importance pour l’étude de l’évolution biologique et culturelle de l’homme », explique le Prof. Barkai. « La grotte, riche en vestiges, qui a été complètement scellée pendant environ 200 000 ans, constitue une sorte de ‘capsule temporelle’ portant sur une période relativement inconnue de l’histoire de l’humanité, il y a entre 400 000 et 200 000 ans. Il s’agit d’une phase de transition dans l’évolution au cours de laquelle l’homme s’est transformé d’Homo erectus en homme moderne, l’Homo sapiens et l’homme de Neandertal, processus qui s’accompagne également de profonds changements culturels ».

Les archéologues de l’Université de Tel-Aviv fouillent le site depuis sa découverte et y ont trouvé une grande variété d’outils en silex utilisés par l’homme à diverses fins: bifaces, lames, racloirs, etc. Parmi les vestiges, on compte des milliers de petits artefacts en silex, dont la taille varie de 1 à 3 cm, similaires à ceux trouvés sur de nombreux chantiers de fouilles dans le monde, mais qui n’ont jamais pas été étudiés car ils étaient considérés comme des débris provenant de la fabrication d’outils plus gros. Selon les chercheurs de la grotte de Qesem, contrairement à cette hypothèse généralement acceptée, il s’agit d’outils minuscules produits à partir de vieux outils non utilisés, selon un processus de recyclage efficace, organisé et conscient.

Ne rien gaspiller pour survivre

Pour identifier précisément le rôle de ces minuscules outils de silex, les chercheurs ont utilisé des méthodes scientifiques avancées. D’une part, ils les ont examinés sous microscopes selon différents grossissements pour détecter des marques d’utilisation, telles que les éraflures et les brisures à l’extrémité tranchante de l’instrument. En outre, ils ont eux-mêmes réalisé des copies de ces anciens outils, les ont testés pour différents usages et ont comparé les marques créées à celles existantes sur les objets trouvés dans la grotte. Un autre aspect de l’étude a consisté en des tests chimiques sur des restes organiques datant de centaines de milliers d’années qui, curieusement, sont restés sur les outils de pierre en raison des excellentes conditions de conservation régnant dans la grotte.

« Nous avons trouvé des restes de graisse, de membranes, d’os et d’autres matières animales, sur beaucoup de ces outils minuscules, en particulier sur ceux qui ont été retrouvés au centre de la grotte, près du foyer, et nous avons constaté que ces outils avaient été utilisés pour désassembler les animaux chassés », a déclaré le Prof. Barkai. « Il s’est avéré que ces minuscules outils étaient utilisés pour réaliser des découpes très précises, presque chirurgicales, complétant celles plus grossières réalisées avec les gros outils ». Dans d’autres parties de la grotte, les chercheurs ont pu identifier d’autres utilisations possibles de ces petits outils, comme le traitement et le découpage des peaux, ainsi que pour la coupe des plantes.

« L’homme préhistorique qui vivait dans la grotte de Qesem ne gâchait rien », conclut le Prof. Barkai. « Chaque animal chassé et chaque plante récoltée étaient pleinement exploités pour maximiser la capacité de survie humaine, et avec chaque outil érodé ou jeté, d’autres outils étaient produit. En fait, il recyclait naturellement, dans le cadre de sa vie quotidienne… Nous avons bien des choses à apprendre de lui… ».

SOURCE: site de l’Association française de l’Université de Tel-Aviv

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