Mon tour du monde en quittant la Tunisie. Par Pierre Mamou
Je venais d’avoir 16 ans, et le lendemain de mon arrivée à Paris mon père a pu me faire embaucher dans une compagnie d’assurances et mon salaire contribua à meubler sommairement notre appartement. Nous avions quitté Tunis avec l’équivalent de 2 dollars par personne, en abandonnant tous nos meubles et nos objets personnels qu’il nous avait été interdit d’emporter. Nous étions de nationalité Tunisienne et étions devenus des réfugiés démunis. Lire l’épisode précédent ICI. Par Pierre Mamou.
Mon tour du monde. A Paris je découvris un monde moderne nouveau. Durant ces débuts difficiles je déjeunais à la soupe populaire cachère rue Richer dans le 9e arrondissement. Cela me permit plus tard d’apprécier grâce à ma réussite professionnelle, les endroits magiques des hôtels et restaurants prestigieux partout dans le monde.
Ma scolarité en France fut brève et dés mes 18 ans, je me lançais dans la vie active en exerçant plusieurs petits métiers avant de devenir représentant en mercerie et accessoires de mode. Cela me permit de voyager en province d’abord puis ensuite au Benelux.
ANVERS
Ce fut la première ville du monde où dés mon arrivée, je fréquentais la communauté Juive locale. Je le fis chaque fois que j’arrivais dans une nouvelle ville que je ne connaissais pas car cela me permettait de faire d’intéressantes et enrichissantes rencontres. Je travaillais toute la semaine dans différentes villes de Belgique et je m’arrangeais pour arriver à Anvers le jeudi soir. Ainsi, Je terminais le vendredi ma tournée de clientèle et cela me permettait de passer le Chabath dans la capitale des Flandres.
Je réglai mes repas avant Chabath dans un des nombreux restaurants cachers de la ville, avant de me rendre à l’office d’une synagogue où je fis la connaissance d’un jeune homme de mon âge nommé Léon Springer cliveur de diamants. Dans les années 70 à Anvers l’industrie du diamant était l’activité principale de la communauté hassidique. Autour de la Pelikaanstraat et de la bourse des diamants s’était reconstitué un shtetl, un quartier Juif comparable à ceux qui existaient en Pologne avant la Shoah.
Lors d’une de mes visites mon ami Léon m’invita le vendredi soir au repas de Chabath. J’ai découvert pour la première fois l’ambiance chaleureuse d’une famille ashkénaze. Mais à l’issue du repas, je vis mon ami sourire avec sa mère. Elle lui demandait si j’étais vraiment Juif parce que je ne parlais pas Yiddish !
Je fréquentais les samedis soirs le centre communautaire Romi Goldmuntz d’Anvers où je me fis de nombreux amis garçons et filles, ce qui me valut un soir cette remarque : Tu es de Bruxelles, toi, tu n’es pas d’Anvers…
AMSTERDAM
En quittant la Belgique le dimanche matin, mes activités professionnelles me conduisaient à Rotterdam et à Amersfoort au centre de la Hollande. Puis je terminais par Amsterdam. Parmi mes clients hollandais l’un d’eux deviendra mon ami : Monsieur Penha descendant de Juifs Espagnols ; l’un des rares survivants de la Shoah qui décima 90% du judaïsme hollandais.
Le soir après mon travail je me retrouvais sur les marches du Dam au milieu de dizaines de jeunes hippies. Je fis la connaissance de certains d’entre eux garçons et filles qui avaient 20 ans, mon âge à l’époque.
Je fréquentais en fin de semaine la monumentale synagogue Portugaise d’Amsterdam trois fois centenaire qui n’avait toujours pas de chauffage moderne, et durant le Chabath les administrateurs portaient des chapeaux hauts de forme spécifiques des coutumes Séfarades des siècles derniers.
A suivre… Livourne et Rome
ont sans fou de ces pays de maerde