Itzhak Perlman : malgré son handicap, il devient violoniste virtuose
« Quel est le son que vous préférez ? », demande-t-on un jour à Itzhak Perlman. Réponse : « Le bruit d’un oignon qui grésille dans une poêle ! » On peut être un des meilleurs violonistes du monde et ne pas se prendre au sérieux. Ce documentaire rend un bel hommage à cet artiste israélien surdoué, gueule à la Kessel, beaux yeux bleus et tignasse blanche, émigré aux États-Unis à 13 ans avant d’entamer une carrière internationale.
Rien ne fut facile pour Itzhak Perlman. Atteint de poliomyélite à 4 ans, ce fils de juifs polonais du ghetto perd peu à peu l’usage de ses jambes, ce qui l’obligera toute sa vie à jouer assis. Beaucoup, au départ, voient plus en lui un gamin handicapé qu’un joueur talentueux. Heureusement la nature l’a doté d’une forte personnalité, d’un tempérament jovial et gai, d’un humour (juif) à toute épreuve.
Et surtout d’un immense talent qui frappe tous ceux qui le croisent, notamment son glorieux aîné et compatriote , feu Yehudi Menuhin, à qui il ne ressemble guère. Son professeur à la Juilliard School de New York, la violoniste américaine Dorothy Delay, se rappelle la première fois qu’elle l’a rencontré : « Il a joué le concerto de Mendelssohn deux fois plus vite que le tempo. Je n’avais jamais vu un tel phénomène. »
Enseigner de façon respectueuse et empathique
Ajoutant en souriant : « Je crois que j’étais amoureuse de lui. » Ce n’était pas réciproque : « Je la détestais, grogne aujourd’hui l’ancien élève avec véhémence. Je ne comprenais pas sa façon de faire. Elle me demandait mon avis ! Mais je n’avais pas d’avis ! Je voulais juste qu’elle me dise ce que je devais faire. Mais maintenant j’enseigne comme elle… » C’est-à-dire de façon respectueuse et empathique. « C’est ton engagement dans l’enseignement qui t’a permis de jouer au niveau auquel tu joues », lui dit son épouse Toby.
Itzhak Perlman a joué avec les plus grands, du chef d’orchestre Daniel Barenboim à la pianiste Martha Argerich en passant par le ténor Plácido Domingo. Les images qui le montrent sur scène sont saisissantes. Quand il empoigne son stradivarius de ses grandes mains larges et souples, il change d’expression. Le joyeux drille fait place au virtuose à la sensibilité profonde, qui vit pleinement la musique, l’incarnant littéralement.
L’homme joue aussi bien de la musique du répertoire classique que des airs traditionnels irlandais ou juifs… et même le célèbre thème du film de Spielberg La Liste de Schindler. Perlman est un talent tout-terrain.